HYDROLOGIE
a)Ecoulement deau ?
On observe sur Mars une multitude de vallées et de chenaux dinondation, preuve que leau a coulé à sa surface. Mais ce nest plus possible dans les conditions actuelles :
- les températures sont trop faibles, elle oscillent entre 120°C aux pôles, et +20°C à léquateur
- la pression atmosphérique à la surface nest pas assez élevée, elle est égale à 1% de celle de la Terre au niveau de la mer
Ainsi, leau ne peut être actuellement présente que sous forme de vapeur ou de glace
Mais une chose est certaine, il y a 4,5 milliards dannées, leau coulait librement à la surface de Mars, et la planète ressemblait beaucoup plus à la Terre quaujourdhui. Un climat tropical a régné sur Mars pendant 800 millions dannées, laissant la possibilité à la vie dapparaître.
Malheureusement, Mars est par son diamètre deux fois plus petite que la Terre, sa gravité est donc bien plus faible, et son atmosphère sest peu à peu dissipée dans lespace, ne permettant plus la présence deau liquide. De plus, les volcans, qui fournissaient les gaz nécessaires à la constitution de cette atmosphère se sont éteints peu à peu car Mars, là encore trop petite, à évacué plus rapidement que la Terre sa chaleur interne.
En fait, Mars est limage que nous aurons de la Terre dans quelques milliards dannées, une planète morte ayant épuisé sa chaleur initiale.
Mars Global Surveyor a fait une découverte sensationnelle en trouvant des traces découlement deau très récentes, dont les plus anciennes nont pas plus dun million dannées. Elles auraient même pu se former hier!
Pourtant, comme nous lavons démontré, cest impossible.
Pas si sûr
Les scientifiques ont remarqué que ces traces découlement partent toutes dune même couche de roche, ce qui permet de supposer lexistence dune nappe phréatique.
Voici leur explication :
Lors dun glissement de terrain ou dun impact météoritique, cette nappe phréatique est mise à lair libre. Leau sécoule un peu et se transforme rapidement en glace. Un bouchon se forme. Leau saccumule derrière et la pression augmente. Le bouchon cède et leau dévale la pente, avant de se vaporiser, à cause de la pression trop faible. Le bouchon se reforme, et tout recommence.
La sonde a fait une autre découverte. Au fond dun gouffre, le gouffre de Candor, dans Valles Marineris, elle a découvert une source alimentant un plan deau. Normalement sa présence est impossible, mais au fond du gouffre la pression est suffisante pour que leau ne sévapore pas instantanément. Le phénomène semble saisonnier car la sonde est passée plusieurs fois à la verticale du gouffre et le plan deau napparaît pas sur toutes les photos. Cette étendue deau stagnante constitue un endroit propice à la vie et le programme dexploration martienne y attache une grande importance. La présence dautres sources facilitera les missions habitées vers Mars car on pourra obtenir de loxygène respirable et de lhydrogène, carburant, à partir de leau.
Des traces récentes d'écoulement d'eau sur Mars...
Gros plan sur ces mêms traces d'écoulement...
Ares Vallis et ses nombreux chenaux d'inondation.
Tiu Vallis est un chenal d'inondation qui débute dans une zone extrêmement chaotique (Hydaspis Chaos, au centre) et progresse ensuite vers le nord à travers un lit assez étroit, pour s'étaler brusquement en direction du nord et de l'ouest, en érodant sensiblement les terrains environnants.
Schéma expliquant les écoulements périodiques d'eau à la surface de Mars : une barrière de glace retenant l'eau liquide cède périodiquement sous l'effet d'un évènement extérieur (glissement de terrain).
Valles Marineris, un canyon de 4000 km de long à la surface de Mars. La linéarité de Valles Marineris témoigne de son origine tectonique, contrairement au Grand Canyon sur Terre, qui résulte du travail d'érosion de la rivière Colorado.
Formations géologiques au sein de Valles Marineris.
Après l'ouverture du canyon, certaines vallées ont été agrandies par l'effondrement ou le sapement de leurs versants. On voit ici la vaste dépression d'Ophir Chasma.
b)Un océan dans le passé ?
Comme nous avons pu le constater, lhémisphère nord de Mars possède une altitude moyenne moins élevée que lhémisphère sud. Or, les sondes Viking ont observé une ligne blanche continue ceinturant cette région dépressionnaire. Cette ligne serait le rivage dun ancien océan. Pour le prouver, il suffit de mesurer laltitude de cette ligne : si elle est constante, cest quil sagit du niveau de la mer. MGS la montré, mais na pas trouvé de traces laissées par la houle et les vagues, ce qui remet en cause la présence de cet océan voici quatre milliards dannées. Mais rien ne dit quil na jamais existé
Dautres indices permettent de supposer sa présence :
- les vallées de lhémisphère sud y aboutissent, et disparaissent à une même altitude, celle du présumé rivage
- les roches sédimentaires et les plaines très plates nont pu, selon certains, se former que dans une étendue deau stagnante
Cet océan, sil a existé, contenait 14 millions de kilomètres cube deau, quantité suffisante pour recouvrir la totalité de la planète dune couche de 100 mètres dépaisseur. La profondeur de cet océan pouvait atteindre jusquà 2000 mètres, avec une moyenne de 560 mètres.
Malheureusement, il sest peu à peu évaporé au fur et à mesure que la pression atmosphérique diminuait, et son eau sest échappée sous forme de vapeur dans lespace. Une hypothèse plus optimiste affirme que la surface de locéan aurait gelé, emprisonnant leau liquide dessous. La glace aurait été peu à peu recouverte de poussières, et locéan pourrait toujours exister, sous la terre, avec de leau liquide si la chaleur est suffisante. Cest ce que vont essayer de prouver les futures sondes.
Cette
vue d'artiste montre la planète Mars telle qu'elle était peut
être il y a 1 à 3 milliard d'années. La majeure partie de
l'hémisphère nord est occupée par un océan.
L'océan martien a du joué un rôle non négligeable
au niveau climatique, et il a peut être été aussi le berceau
d'éventuels organismes martiens.
L'océan martien, vu sous une autre perspective.
Constitution
progressive de l'océan martien. Sur le premier schéma en partant
de la gauche, la hauteur d'eau n'est que de 500 mètres. Lorsque la hauteur
d'eau atteint 1000 mètres (deuxième schéma), les deux bassins
sont mis en communication. Sur le troisième schéma, toutes les
régions situées en dessous du contact n°2 sont immergées.
Enfin, sur le quatrième schéma, l'inondation est à sans
comble et les vagues viennent lécher le contact n°1. Des plaines
d'Elysium, il ne subsiste qu'une petite île dominée par l'imposant
volcan Elysium Mons.
c)Leau sous forme de glace ?
La totalité de leau ne sest pas évaporée dans lespace, où se cache-t-elle ? Il est possible quelle se soit tout simplement infiltrée dans les fissures du sous-sol, où elle a gelé, et na pas bougé depuis plusieurs milliards dannées.
Si cest le cas, elle peut sêtre installée dans tout le sous-sol martien, jusquà une profondeur maximale de 8km, limite au-delà de laquelle la roche, à cause de la pression colossale, nest plus assez poreuse pour permettre à leau de sy loger. La limite supérieure varie en fonction de la latitude. Il faut que le sol soit en permanence gelé pour que la glace du sous-sol ne sévapore pas, ainsi la limite supérieure est située, au niveau de léquateur, quelques centaines de mètres plus bas quaux pôles, où elle est presque au niveau du sol, gelé en permanence.
Une bonne partie de leau est aussi présente dans les calottes polaires, particulièrement celle du pôle nord. Cette calotte a un diamètre de 1200km pour une épaisseur moyenne de 1km, atteignant parfois 3km. Elle contient 1,2 millions de kilomètres cube de glace, soit la moitié de la calotte du Groenland, ou 1/25 de celle de lAntarctique. On estime que cette quantité de glace représente 10% de leau qui se trouvait jadis sur Mars. Le reste étant probablement sous terre, où perdu dans lespace.
La calotte du pôle sud est recouverte de glace de dioxyde de carbone, ce qui empêche davoir une estimation exacte de leau quelle contient, car la couche de dioxyde de carbone ne peut être que superficielle, ou très épaisse.
Selon les estimations, le volume deau contenu dans les deux calottes sélèverait entre 3,2 et 4,7 millions de kilomètres cube, soit une fois et demie la calotte du Groenland, ce qui représenterait alors 40% de la quantité deau présente jadis sur Mars.
L'évolution de la calotte du pôle nord martien au rythme des saisons.
Gros plan de la calotte du pôle nord...